L’ARMAGNAC: la plus ancienne eau-de-vie toujours distillée aujourd’hui


L' Armagnac, appelé « aygue ardente » ou « eau ardente » à ses débuts, est en effet la plus vieille eau-de-vie au monde encore distillée aujourd’hui. Il a la précédence historique, l’ascendance que tous les autres ont copiée. L'Armagnac est né de la rencontre de trois cultures. Les Romains ont introduit la vigne, les Gaulois, le tonneau et les Maures, l’alambic, élément indispensable de la médecine arabe. Il a 700 ans et est souvent décrit comme «l'eau-de-vie que les Français se réservent». En 1310, le théologien franciscain, philosophe scolastique et cardinal, Prieur Vital Du Four, en louent les “quarante vertus” concernant le corps et l'esprit dans son ouvrage de médecine:  «Pour garder la Santé et rester en bonne forme ». Selon lui: «Il réduit les rougeurs et les brûlures des yeux, les empêche de se déchirer, guérit l'hépatite. Il guérit la goutte, les chancres et la fistule par ingestion; restaure le membre paralysé par massage; et guérit les plaies de la peau par application. Il anime l'esprit, rappelle le passé, rend les hommes joyeux, préserve la jeunesse et retarde la sénilité. Et lorsqu'il est retenu dans la bouche, il détend la langue et enhardi l'esprit, si quelqu'un de timide de temps en temps lui-même le permet.»

Tout au long du bas Moyen-Âge jusqu’au début de l’époque moderne, les mentions des eaux-de-vie en Gascogne se multiplient jusqu’à trouver les traces d’un véritable marché local de l’Armagnac. Au XVIIe siècle, la région s’organise en trois sous-régions : le Haut-Armagnac, le Bas-Armagnac et l’Armagnac-Ténarèze. L’Armagnac devient un véritable produit commercial et son marché s’internationalise rapidement. En effet, à cette époque, les Hollandais achètent la majorité des vins de la côte atlantique française, à l’exception de ceux de Bordeaux qui sont aux Anglais. Ils remontent alors la Garonne et concluent leur premier contrat avec les vignerons du Gers. Craignant la concurrence, les Bordelais interceptent les convois qui descendent le fleuve sous prétexte qu'aucun vin autre que le Bordeaux ne peut être transporté par voie fluviale. Si le vin est interdit, l'alcool ne l'est pas, et c'est ainsi que l'on commence à distiller en grandes quantités les vins dans la région de Gascogne. Les Hollandais achètent dès lors en Armagnac des grandes quantités d'alcool qui servent à enrichir et à stabiliser les vins dont ils fournissent les peuples du Nord de l'Europe.

Au XVIIIe siècle, une nouvelle étape est franchie. Les eaux-de-vie sont désormais mises en réserves, stockées en fûts de chêne plusieurs années de suite afin de pallier aux aléas climatiques ainsi qu’aux fluctuations du marché ; les premiers chais de vieillissement voient le jour. La guerre d’Indépendance des Etats-Unis offre également de nouvelles débouchées pour des négociants de plus en plus soucieux de la qualité du vieillissement, du contrôle de leurs stocks et du maintien des caractéristiques de chaque lot. 

 

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